[Webinaire Énergies & Avenir]
Rénovation énergétique des bâtiments : bilan & perspectives entre 2 quinquennats
Ce mardi 30 novembre, l’association Energies & Avenir organisait un webinaire consacré à la rénovation énergétique des bâtiments, autour des interventions de Julie Purdue, Déléguée Générale adjointe du premier réseau national de collectivités territoriales et d’acteurs locaux engagés dans la transition écologique, l’association AMORCE, et de Joël Pedessac, Trésorier et porte-parole de l’association Énergies & Avenir. Introduit par le député européen et membre de la Commission ITRE au Parlement européen Christophe Grudler, l’événement a été l’occasion pour l’association de rappeler les enjeux qui animent la filière de la boucle à eau chaude, de commenter le bilan de la rénovation énergétique au terme du quinquennat, et de pointer les prochaines échéances et perspectives à l’horizon 2027.
Aides à la rénovation énergétique : le bilan du quinquennat
Que ce soit sur le plan national via le Plan de Rénovation Energétique des Bâtiments, la transformation du Crédit d’Impôts pour la Transition Energétique (CITE) en MaPrimeRénov’, le Plan France Relance, l’élargissement des aides à la rénovation énergétique, ou au niveau européen via la présentation du Green Deal et du paquet de directives « Fit for 55 », ou encore la révision du Diagnostic de Performance Energétique (DPEB), la rénovation énergétique s’est imposée comme un sujet majeur au sein du débat public et des priorités politiques au fil du quinquennat.
Si une volonté politique et d’importants moyens ont été mis à la disposition de la rénovation énergétique, tant pour la rénovation des bâtiments publics que pour les logements particuliers, il n’en demeure pas moins que, comme rappelé par Julie Purdue, de nombreuses collectivités n’ont pas encore entrepris cette rénovation énergétique. Pour les inciter à agir, l’association Amorce et la Banque des Territoires finalisent du reste le développement d’un outil de sensibilisation des collectivités aux économies d’énergies dans leurs bâtiments publics. Mis en ligne début décembre, cet « outil essentiel » devrait être « une réelle aide de passage à l’action ».
Sensibiliser les collectivités au sujet des énergies renouvelables s’impose également comme un véritable enjeu pour l’association Amorce, pour qui il faut « créer davantage de lien entre le développement des énergies renouvelables et la rénovation énergétique des bâtiments ».
L’association souhaite le rétablissement de l’éligibilité à Ma Prime Rénov’ de tous les ménages
L’association Énergies & Avenir constate également un mouvement d’ensemble positif en faveur de la rénovation énergétique, mais déplore plusieurs éléments, dont :
- Une exclusion du sujet du domaine législatif au profit du domaine réglementaire, ce qui conduit l’association à préconiser de systématiquement soumettre les aides à la rénovation et leurs modalités au vote des parlementaires ;
- Une profusion de textes et réformes législatives et réglementaires, de « stop and go contre-productifs », notamment pour les artisans, premiers relais de la rénovation énergétique auprès des ménages. Plaidant en faveur d’aides stables, incitatives et accessibles à tous, l’association souhaite que des budgets pluriannuels soient votés pour Ma Prime Rénov’ et les aides à la rénovation énergétique, et que les conditions d’éligibilité de ces aides soient maintenues sur plusieurs années sans être modifiées avant le terme initialement prévu ;
- Une mauvaise prise en compte des équipements à eau chaude au sein des décisions globales, qui n’abondent pas toujours en faveur de la performance énergétique ni des réalités des territoires. Le fait que les équipements à eau chaude ne soient parfois plus éligibles aux aides à la rénovation, alors que les études démontrent que le remplacement d’un système de chauffage à eau chaude vétuste peut permettre de gagner jusqu’à 40% d’économies d’énergie, préoccupe l’association. Équipant 2 logements sur 3 en France, les systèmes de chauffages à eau chaude sont en effet des gisements d’économie d’énergie et de réduction d’émission de gaz à effet de serre immédiats : ils sont des technologies éprouvées, disponibles, adaptables à toutes les énergies – dont les énergies renouvelables – à tous les territoires et à tous les contextes d’habitat et de climat. En cela, ils contribuent déjà à l’équilibre d’un mix énergétique diversifié qui tend à se verdir. Maintenir les aides pour ces technologies est la garantie d’une transition énergétique accélérée tout en maintenant une sécurité d’approvisionnement, à l’heure où les énergies renouvelables ne peuvent encore couvrir tous les besoins et que des phénomènes de pointes électriques carbonées persistent.
Afin d’accélérer le rythme de la rénovation énergétique, l’association souhaite le rétablissement de l’éligibilité à Ma Prime Rénov’ de tous les ménages, avec une bonification pour les ménages précaires dans le cadre de l’installation d’une chaudière gaz THPE.
Quelles perspectives pour la rénovation énergétique en 2022-2027 ?
Face au sujet de l’électrification massive et croissante du chauffage au niveau européen évoqué par le Député européen Christophe Grudler, Joël Pedessac rappelle que « l’électrification systématique n’encourage pas à la sobriété énergétique ». Des énergies comme le biogaz ou le biofioul permettent en effet elles aussi de répondre aux critères de la RE2020, et la transition énergétique ne peut se faire, rappelle-t-il, « qu’avec un mix énergétique diversifié ». Au-delà du choix d’une énergie, il s’agit d’assurer que les travaux de rénovation engagés n’augmentent pas la consommation en énergie primaire, seul vrai indicateur de suivi de réussite des politiques de réduction des consommations au niveau européen. De même, ces travaux ne doivent pas avoir recours à l’effet Joule, qui augmente la tension sur le réseau électrique et n’abonde pas dans le sens de la sécurité de notre approvisionnement ni de la maîtrise de la pointe électrique hivernale.
À l’aube du prochain quinquennat, deux axes apparaissent majeurs pour Énergies & Avenir : « changer d’échelle » en pensant la rénovation énergétique non plus de façon globale mais en termes de parcours et d’écosystèmes, et favoriser une meilleure diffusion de l’innovation en misant sur l’hybridation des énergies.
Plutôt que d’opposer rénovations par geste et rénovations globales, l’association propose en effet d’encourager le passage à l’acte via des parcours de rénovation et planifiés en plusieurs étapes dans le temps, afin d’ « y aller progressivement, ce qui permettrait aux acteurs d’avancer plus sereinement ». Pragmatiques et souples, ces parcours s’imposent comme une solution facilitant le passage à l’acte avec des travaux ponctuels, efficaces immédiatement et adaptés à chaque situation, sans pour autant peser lourdement sur les finances des ménages ou la continuité d’activité des bâtiments tertiaires.
L’association mentionne également la nécessité de décarboner le mix énergétique en favorisant les écosystèmes d’énergies renouvelables et en renforçant leur maillage sur le territoire, localement ou à plus grande échelle en fonction des spécificités territoriales. Si de nombreuses sources de chaleur renouvelable existent déjà et trouvent un relai via les systèmes de chauffage à eau, elles doivent être encouragées (fonds chaleur, renforcement des stratégies locales au sein des Schémas régionaux d’aménagement, de développement durable et d’égalité des territoires (SRADDET), Plans air-énergie-climat territoriaux (PCAET)…).
Il apparaît essentiel, enfin, de favoriser une meilleure diffusion de l’innovation et de contribuer à l’équilibre du système énergétique en misant sur l’hybridation des énergies. Innovantes et récentes, ces solutions gagneraient à être mises en avant auprès des ménages et des collectivités, et soutenues financièrement pour accélérer leur développement. L’association pointe la nécessité de leur éligibilité à toutes les aides à la rénovation énergétique, et de leur intégration dans les préconisations de travaux, notamment lorsque les « accompagnateurs rénov’ » issus de la Loi Climat et résilience seront mis en place. Dans le neuf, ces équipements d’avenir doivent également pouvoir trouver leur place afin de n’écarter aucune solution pour améliorer l’efficacité et la décarbonation du logement.
→ Envie d’en savoir davantage sur le webinaire ? Le compte-rendu est bientôt disponible !